Pile à l'heure

Après avoir passé autant de mois sur la route avec Marie et Roman, à effectuer des missions diverses et dangereuses, c'était étrange de reposer de nouveau ses valises quelque part. Et c'était encore plus étrange parce que c'était une ville que je connaissais bien maintenant. Il s'y était passé tant de choses. Repenser à tout cela me rendait nostalgique, inutilement certainement, mais cela le faisait. La plupart des personnes que j'avais connu étaient mortes ou portées disparues. On pourrait penser qu'en tant qu'immortel, j'étais préparé à voir venir la mort des miens, mais je n'étais pas immortel depuis assez longtemps pour ressentir ce genre de détachement face à la mort. Surtout que dans cette ville, ils mourraient vite, bien trop vite. Surement était ce pour cela que j'avais accepté de m'installer en colocation, moi qui aimais tant mon indépendance. Maintenant, j'avais un colocataire vampire et un chien qui me suivait depuis déjà plusieurs mois. La piaule de Damian, Joker et Brent. Cela en jetait n'est-ce pas ?

« On va devoir rentré, Joker. Le jour ne va pas tarder à se lever. »

Je vis le chien relever la tête vers moi en secouant la queue et en revenant entre mes jambes. Je passais la laisse dans son collier et nous commençâmes à remarcher vers l'appartement. Voici un chien qui n'aura jamais des habitudes normales, quand on sait qu'il sortait principalement la nuit, sauf quand la voisine acceptait de me dépanner en le promenant. Mais également quand on sait qu'il avait un coin sur le balcon de l'appartement afin de faire ses besoins, un coin que je nettoyais chaque coucher de soleil, un coin que l'on rejoignait par une petite trappe. Un drôle d'endroit, que notre appartement donc.

Finalement, on se retrouva devant l'immeuble et je saluais la vieille dame qui habitait seule au bout du couloir. Celle-ci me parla pendant quelques minutes de son dernier petit-fils, avant que je ne rentre avec Joker. Je libérais ce dernier qui alla directement à la niche pendant que je partis prendre une douche. Cette dernière ne dura pas longtemps, trop de pensées en tête. Trop de gens en tête. Bien trop de morts, de ma main, des mains des habitants de cette ville...En sortant de la salle de bain, habillé d'un simple pantalon de survêtement et d'un débardeur, je m'interrogeais sur l'heure. Je regardais l'horloge, m'inquiétant pour Damian tout en réchauffant un des plats que j'avais préparé plus tôt. Et finalement, alors que je m'étais attablé à notre comptoir avec mon repas tout juste réchauffé et la bande son de mission impossible trottant dans la tête, Damian passa le pas de la porte. Immédiatement Joker courut dans les jambes de Damian lui faire la fête pendant que je jetais un coup d'œil à l'horloge. Dix minutes avant l'aube...

« Bah alors, mon pote, j'ai bien cru que j'allais retrouver un vampire frit devant la porte moi. Qu'est-ce que tu faisais pour rentrer si tard ? Quoi que, oublies, c'est ta vie privée. »

Après tout, Damian avait beau être mon colocataire, il ne connaissait pas tout de moi. Cela serait plutôt intrusif et égoïste de lui demander des choses que je ne partagerais pas non plus. Finalement, je tendis ma fourchette pleines de pâtes à la bolognaise vers lui, avant de la tourner vers le frigo. Puis je commençais à lui parler avec un sourire presque angélique pour ponctuer mes propos. Marie m'appelait son petit diable à elle, ce que je n'avais jamais compris d'ailleurs. Le diable n'avait pas de maître et franchement, si j'étais le diable, alors qu'est-ce que cela faisait des autres ? Je ne me prenais pas pour un saint, mais je savais que j'étais bien moins fou que la plupart de mes congères. Bon par contre, je me disais bien que dès fois, Damian pourrait prétendre à ce titre de saint.

« Si tu veux, y a encore du poulet au frigo que j'avais préparé hier. Je te promets pas qu'il sera excellent, mais le bon point à être un strigoï, c'est qu'on a plus de risque de mourir empoisonné. Alors sers-toi autant que tu veux ! »

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